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Prison : Balkany sort de la Santé parce que la sienne est mauvaise

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En première instance, le tribunal avait condamné Patrick Balkany à cinq ans de prison pour blanchiment aggravé, avec incarcération immédiate.
Sur décision de la cour d'appel de Paris, Patrick Balkany a été libéré ce mercredi 12 février pour raison médicale.

Patrick Balkany est un homme libre. Au dernier jour de son procès pour fraude et blanchiment, la cour d'appel de Paris a libéré ce mercredi 12 février l'ancien baron de la droite française pour raison médicale. Malade, le maire de Levallois-Perret a quitté la maison d'arrêt de la Santé, où il était incarcéré depuis le 13 septembre.

Au vu d'une alarmante expertise médicale, la cour d'appel a consacré dans l'urgence une audience à une nouvelle demande de libération de l'élu des Républicains, dans la foulée de son procès en appel pour blanchiment. Constatant que l'état de santé de Patrick Balkany, qui souffre d'une grave pathologie digestive et de dépression, "est difficilement compatible avec la détention", la cour a décidé de le remettre en liberté, tout en lui imposant un contrôle judiciaire léger, sans caution.

"Le bonheur, ça ne se décrit pas", a réagi Isabelle Balkany, 72 ans, accourue devant la prison pour venir chercher son époux. "La cour n'a pas fait de cadeau à Balkany, c'est juste que la situation médicale indiquait que ce n'était plus possible", a pour sa part déclaré l'avocat du maire Romain Dieudonné, qui avait demandé dans la matinée "la justice" pour un homme malade, "déjà un genou à terre". Le maire de Levallois, commune cossue de l'ouest parisien ravie il y a plus de 30 ans aux communistes, n'est déjà plus selon sa famille qu'un futur retraité, un septuagénaire fragile, qui "a perdu près de 30 kg en cinq mois".

Le parquet général a requis contre lui prison ferme et inéligibilité pour blanchiment aggravé de fraude fiscale et prise illégale d'intérêts, parmi les "plus graves atteintes à la probité". Face à la menace de l'exécution provisoire de la peine complémentaire d'inéligibilité, le couple Balkany, uni à la ville comme dans la vie depuis 44 ans, a choisi de se retirer de la course aux municipales de mars. Pour cela, et en dépit d'une fraude "malicieuse" dissimulée par un chapelet de sociétés offshore, le parquet général a pris des réquisitions moins sévères qu'en première instance, demandant quatre ans ferme contre le maire, sans incarcération immédiate, et deux ans ferme contre son épouse, ainsi que la confiscation du moulin de Giverny (Eure) dont ils ont l'usufruit.

"J'aurais préféré que mon client pèse encore 100 kg, qu'il soit dans le box", a plaidé son avocat Romain Dieudonné, qui espère l'avoir à ses côtés à l'audience quand la justice rendra ses décisions dans les affaires impliquant le couple, le 4 mars, dans le volet fraude fiscale et le 22 avril dans le volet blanchiment.

Quelques "fautes"

Les Balkany sont soupçonnés d'avoir dissimulé 13 millions d'euros d'avoirs au fisc entre 2007 et 2014, notamment deux somptueuses villas, Pamplemousse à Saint-Martin et Dar Guycy à Marrakech. S'ils ont reconnu quelques "fautes" et la propriété de la villa antillaise, ils contestent vigoureusement le montant des avoirs en cause et se targuent de n'avoir jamais détourné "un centime d'argent public". Le couple continue de nier la possession d'un riad à Marrakech en dépit des peignoirs brodés aux initiales "PB", des livres dédicacés et des meubles payés par Isabelle Balkany retrouvés dans la villa saharienne.

En première instance, le tribunal avait condamné Patrick Balkany à cinq ans de prison pour blanchiment aggravé, avec incarcération immédiate, et son épouse à quatre ans d'emprisonnement mais sans mandat de dépôt, eu égard à sa santé fragile. Tous deux avaient été condamnés à dix ans d'inéligibilité et la saisie de leurs biens avait été ordonnée. Cette lourde condamnation venait s'ajouter aux peines de prison ferme infligées pour fraude fiscale : quatre ans pour lui et trois ans pour elle.

S'ils étaient condamnés, les Balkany pourraient se pourvoir en cassation. Ce recours serait suspensif, sauf si la cour d'appel délivrait des mandats de dépôt à l'audience et si l'exécution provisoire était prononcée.


"Les Misérables" de Ladj Ly : vous ne le saviez pas, mais Victor Hugo et la République sont dangereux

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Mediapart s'est livré à un curieux exercice sur son site : critiquer le film "Les Misérables" pour son excès de républicanisme hugolien.

On croyait avoir tout lu sur le film « Les Misérables» de Ladj Ly, c'était sans compter sur Mediapart qui a choisi un angle inattendu pour évoquer le film dans un article intitulé « « Les Misérables » : en finir avec les vieilles lunes politiques du XIXe siècle».

Si la journaliste reconnaît que ce « puissant film (…) multiplie les clins d'œil à l'auteur des Misérables et prend même le parti de se conclure sur une citation de Victor Hugo», c'est « au risque de sombrer dans un catéchisme républicain d'un autre âge», la référence au passé suffisant, comme dans le titre, à le disqualifier. La journaliste enfonce le clou au moment d'évoquer la célèbre phrase du roman de Victor Hugo qui vient clore le film : « Mes amis, retenez ceci, il n'y a ni mauvaises herbes ni mauvais hommes. Il n'y a que de mauvais cultivateurs.». Dans un premier temps elle semble valider ce choix « la phrase apparaît comme un baume, une lueur d'espoir », mais c'est pour mieux expliquer ensuite qu'il s'agit d'un leurre : « A moins quelle ne trahisse combien les vieilles lunes du XIXe siècle -le paternalisme, l'universalisme républicain et son imaginaire colonial- imprègnent encore profondément nos imaginaires».

crime par contamination

La critique de la politique hugolienne et républicaine parcourt ainsi tout l'article sans qu'il soit jamais possible de savoir exactement ce qu'on lui reproche. Ou plutôt, si : le fait qu'une majorité de Républicains aient défendu le colonialisme suffirait à discréditer tout le modèle. Et l'histoire n'est vue, comme c'est désormais la mode, qu'à travers les lunettes de notre époque. « Dans la France de 1862, ce discours a toute sa force, mais le film de Ladj Ly, qui montre sans fard la réalité d'un quartier populaire où sont majoritairement assignés les enfants de l'ancien empire colonial français, a-t-il vraiment besoin de s'adosser à ce paternalisme désuet ?» s'interroge la journaliste.

Puis d'ajouter, en usant de sous-entendus : « N'est-il pas urgent, au contraire, de cesser de répéter un catéchisme républicain dont on connaît si bien les hypocrites impasses ?»

L'article utilise ensuite une méthode de plus en plus éprouvée dans le journalisme moderne : le crime par contamination. Hugo et par conséquent Ladj Ly seraient coupables d'avoir utilisé la « métaphore politique « botanique» ». Or, si l'on en croit Mediapart, elle est une « constante du discours colonial». L'employer fait donc de vous un colonialiste. On retrouve le même procédé avec la carrière d'Hugo à qui la journaliste reproche de ne « rien (ignorer) des atrocités de la conquête coloniale en Algérie» au moment d'écrire Les Misérables, ce qui aurait pour conséquence d'envelopper d'un voile noir toute son œuvre.

Passons rapidement sur l'affirmation selon laquelle « le film de Ladj Ly montre, avec finesse, comment la ville de Montfermeil est administrée par une police qui se comporte dans les quartiers comme en territoire colonisé» et venons-en à la conclusion. Après avoir accumulé tant de critiques du modèle républicain, on se demande en effet quel nouveau modèle Mediapart va nous proposer. On a la réponse dans le dernier paragraphe : « Si immense que soit l'œuvre de Victor Hugo, si important qu'ait été son engagement politique dans son siècle, on peut néanmoins s'inquiéter que la France de 2020 soit si maladivement attachée à un discours politique d'un autre temps (…) il est peut-être temps de renouveler nos imaginaires politiques». Et d'oublier Victor Hugo, ce mâle blanc de bientôt 118 ans.

E3C : "Cette réforme n'arme pas nos enfants pour affronter le monde qu'on leur laisse"

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Alors que les épreuves de contrôle continu (E3C) du nouveau baccalauréat sont contestées, tant par un certain nombre de professeurs que d'élèves, Rodrigo Arenas, co-président de la FCPE, s'inquiète des menaces de sanction qui pèsent sur les lycéens qui osent s'opposer à l'organisation des épreuves.

"Mouches ton nez et dis bonjour à la dame". Comme si, depuis de Gaulle, rien n’avait changé, comme si la jeunesse était toujours cette chienlit à mater par tous les moyens. Décidément, nos institutions n’aiment guère voir remettre en cause leur autorité par ces petits bouts d’hommes et de femmes qui, ces dernières semaines, ont manifesté leur refus de passer un examen mal pensé et mal préparé. Non, il ne fait pas bon être un jeune ces temps-ci. Au mieux, quand nos enfants défilent en suivant les mots d’ordre de Greta Thunberg, on ne les écoute pas. Au pire, quand ils manifestent devant leurs établissements pour protester contre ces fameux E3C qu’on veut à tout prix leur faire passer, on leur tape dessus.

Images choquantes qui nous montrent des élèves se faufilant entre des haies de policiers pour passer un examen ! Sans parler de l’utilisation de gaz lacrymogènes, des arrestations musclées, des mises en garde à vue illégales auxquels nous, parents, avons dû assister, impuissants. Le gouvernement, en s’entêtant, n’aura appris à nos gamins qu’une seule chose : "La raison du plus fort est toujours la meilleure".

(Cette réforme) s'inscrit dans ce que le gouvernement a appelé "l'école de la confiance". Mais quelle marque de confiance l'institution donne-t-elle quand elle refuse d'entamer le dialogue ?

Mais comment pouvons-nous accepter ces violences ? Violence de la réforme qui crée un stress supplémentaire en instituant des examens permanents là où on aurait dû mettre une évaluation progressive. Violence de l’institution incapable d’entendre qu’elle a tort, tort d’imposer un contrôle qu’elle n’a pas eu le temps de préparer correctement. Violence de la répression en faisant un appel quasi systématique aux forces de l’ordre pour réprimer la contestation devant et dans les établissements scolaires. Curieuse façon de répondre à ces élèves-citoyens qui interrogent les choix d'un gouvernement dans un contexte social particulièrement délétère et qui seront toutes et tous en âge de voter en 2022 !

Cette réforme, très technique, très lourde à mettre en œuvre, très pesante dans l'organisation d'un établissement, n'arme pas nos enfants pour affronter le monde qu'on leur laisse, ne leur donne aucun bagage supplémentaire pour mieux appréhender leur avenir. Pis, elle complexifie leur parcours scolaire. Elle s'inscrit dans ce que le gouvernement a appelé "l'école de la confiance". Mais quelle marque de confiance l'institution donne-t-elle quand elle refuse d'entamer le dialogue ? Où est la bienveillance quand, face aux grèves, elle ne sait répondre que par des zéros ? Zéro parce qu'on refuse de se présenter à un examen pour traiter un sujet que l'on n'aura pas eu le temps de préparer en classe ? Zéro parce que l'on n'a pu pénétrer dans un établissement bloqué par d'autres ? Zéro parce que l'on a choisi d'être un "meneur" et d'empêcher la tenue d'un examen ? Zéro parce que l'on suit sur les réseaux sociaux les mouvements de contestation ?

Une "inversion de la faute"

Pourtant, le code de l'Education est là pour le rappeler,"il n'est pas permis de baisser la note d'un devoir en raison du comportement d'un élève"… Mais au prétexte qu'il s'agirait d'un examen, l'administration prend sur elle d'administrer des zéros pour absence, alors même qu'elle n'a pas été en capacité d'assurer le bon déroulement de ces épreuves… Ce n'est rien moins que l'inversion de la faute, on punit un élève victime du dysfonctionnement de l'institution !

Notre Fédération, la FCPE, n'a pas vocation à soutenir ces manières de faire. Nous voulons une Ecole qui permette à nos enfants de s'émanciper, de respecter les valeurs de liberté, d'égalité, de fraternité, de laïcité de la République. Cela exige une seule chose : d'arrêter de les maltraiter et enfin les entendre !

"La Fille au bracelet" : le film de procès revu et (bien) corrigé

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La fille au bracelet, de Stéphane Demoustier. Sortie le 12 février.
Dans son nouveau film, Stéphane Demoustier met en scène le procès d’une jeune fille de 19 ans accusée du meurtre de sa meilleure amie. Cette fiction captivante sonde les ambiguïtés d’une famille et les mécanismes de l’institution judiciaire. Rencontre.

C’est une jeune fille de 19 ans comme les autres, qui vient d’obtenir son bac et qui, par chance, vit dans un milieu social protégé des tempêtes. Mais, refrain connu, il convient de se méfier des apparences… Accusée du meurtre de sa meilleure copine et en attente de son procès, Lise porte depuis deux ans un bracelet électronique et cohabite avec ses parents, qui croient (veulent croire) en son innocence, mais sont perturbés en profondeur par le mutisme et l’opacité de leur progéniture. Quand le procès de Lise commence et que l’implacable mécanisme judiciaire se met en branle, leurs doutes et leurs souffrances s’aggravent.

La guerre aux clichés

Le cinéma français, contrairement à son homologue américain, a rarement été inspiré par le genre du film judiciaire. Un genre propice à de nombreux clichés avec sa litanie de plaidoiries interminables, de cabotinage des acteurs et de révélations de la « vérité » en forme de coup de poing. Depuis quelques années, pourtant, quelques metteurs en scène hexagonaux ont prouvé qu’ils savaient éviter les poncifs. En tête de liste Emmanuelle Bercot avec La fille de Brest, sur l’affaire du Médiator, et Une intime conviction, de Antoine Raimbault, sur l’affaire Viguier.

Stéphane Demoustier, l’auteur, en 2014, de Terre battue, s’attaque à son tour au genre dans La Fille au bracelet, un film qui relève de la « pure » fiction et ne s’inspire pas de faits réels. « Un procès est une dramaturgie en soi, explique le cinéaste. Dans ce cadre ritualisé à l’extrême, on peut raconter énormément de choses. Mon ambition principale était d’évoquer la famille et en premier lieu l’incompréhension de ces parents face à leur fille, devenue une énigme. Je voulais en quelque sorte que l’enjeu intime supplante l’enjeu judiciaire, même si ce dernier est traité de façon extrêmement précise. »

FAITES ENTRER L’INDÉCISION !

Pour mener à bien son projet, Stéphane Demoustier a assisté de longues semaines à des procès afin d'éviter les approximations. Une immersion fructueuse. Ainsi, alors qu’il songeait initialement à engager un acteur d’âge mur pour incarner le procureur (un cliché souvent de mise dans le film judiciaire), il a finalement enrôlé une jeune comédienne : sa sœur, Anaïs Demoustier. Un choix qui ne relève pas du favoritisme familial. « En allant suivre des procès à Bobigny, raconte le réalisateur, je me suis aperçu que le personnel judiciaire était surtout composé de jeunes femmes d’à peine 30 ans. Dans le film, la procureure débutante doit faire ses preuves et, avec talent, elle enfonce l’accusée en jouant avec sa maîtrise des procédures et en recourant constamment à la morale pour séduire le jury. Elle est férocement ambitieuse, prête à tout pour faire étalage de ses compétences. Anaïs n’avait jamais évolué dans ce registre et cela me plaisait de la diriger dans un rôle qui n’a rien de sympathique. »

Remarquablement interprété par Anaïs Demoustier et les autres acteurs du film (Roschdy Zem, Chiara Mastraoianni et Mélissa Guers, alias Lise), La fille au bracelet entraîne à la fois dans le mécanisme implacable d’un procès et dans une histoire intense qui conserve son mystère, jusqu’à son terme. Soit une rareté dans l’univers du film judiciaire. « Le spectateur découvre un procès où il n’y a pas de preuves irréfutables, ajoute Stéphane Demoustier. Souvent dans les films de ce genre, il n’y a aucune place pour l’ambiguïté. Dans 'La fille au bracelet', c’est tout l’inverse. En fait, seul le personnage de Lise connaît la vérité. Quand Mélissa Guers, la jeune actrice qui l’incarne, m’a demandé si Lise était coupable ou non, je lui ai répondu que je n’en savais rien. ». Cette indécision donne tout son prix à cette fiction subtile qui joue avec les codes du film de genre pour mieux interroger et déstabiliser le spectateur. On ne s’en plaint pas.

La Fille au bracelet, de Stéphane Demoustier. Sortie le 12 février.

Pourquoi y a-t-il autant de fake news sur Internet ?

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Comme le disait Popper « l’homme est un singe menteur », rumeur et diffamation ont toujours existé, les bobards ne datent pas d’hier...

Cet article est à retrouver dans le "Carnet des médiologues", où vous pouvez retrouver Régis Debray et sa bande chaque semaine.

Faites une expérience. Tapez « fake news» dans un moteur de recherche. Éventuellement, « depuis moins d’une heure » : des milliers de réponses. Même s’il y a des articles redondants sur les mêmes « infox» (terminologie qu’une loi a tenté d’imposer à la place de l’anglicisme fakes) cela implique :

  • Que chaque jour des millions de gens créent, répandent ou consultent des informations fausses ou douteuses.
  • Mais aussi que des centaines d’organisations, de médias, des services des GAFAM, des milliers d’internautes vigilants les dénoncent. Aux juges, aux autorités, aux plate-formes numériques ou au public, suivant le cas.

Faut-il en déduire que le monde se divise en foules de jobards et poignées de véridiques (dont nous) ? Classes incultes, victimes de leur crédulité et de leurs passions, versus élites éclairées ?

La capacité des citoyens à se référer au même monde réel, avec le droit de diverger sur l’efficace et le souhaitable, suscite une tension politique, scientifique et culturelle. L’autorité censée dire le vrai - science, médecine, pour toute expertise, mesure de réalités sociales comme le chômage ou la criminalité, méthodes journalistiques d’établissement des faits, récit des crises, des guerres et interprétation des événements politiques - cette autorité est en crise. Pour faire savant, disons : celle du régime de vérité.

Vraisemblance

En réaction, une partie de la population craint que les masses égarées par les fakes, les discours de haine, les rumeurs en ligne, la montée de l’obscurantisme, cédant au simple désir de croire ce qui leur plaît (post-vérité), victime des manipulateurs à la Trump ou à la Johnson, et déboussolées sur les réseaux sociaux, n’aient perdu toute notion de vérification ou de vraisemblance. Donc deviennent incontrôlables. La peur de la désinformation débouche sur la crainte des masses.

Est-ce si nouveau ? Sans remonter à la terre plate ou aux sorcières sur des balais, il n’est pas si difficile de se souvenir de croyances relatives au Goulag, au sida, aux armes de destruction massive en Irak ou à l’économie numérique, hier communes, aujourd’hui jugées délirantes.

Comme le disait Popper « l’homme est un singe menteur », rumeur et diffamation ont toujours existé, les bobards ne datent pas d’hier, etc. Mieux, toute croyance que nous tenons pour évidente, implique que qui croit dans un autre Dieu ou une autre idéologie soit victime d’un lavage de cerveau, ou, au moins, qu’il raisonne mal sur la base d’une connaissance biaisée. Et ceci vaut pour nombre de théories relatives à la science, à la santé, etc.

A minima, le caractère historiquement inédit des fake news et notions associées tient :

  • à leur visibilité, via les médias classiques et sur les réseaux sociaux, liée à leur abondance, à leur sophistication et à leur rythme ;
  • à leur facilité (de production, de propagation, de confirmation par autrui, mais aussi de repérage) grâce au numérique ;
  • à leur démocratisation (conséquence de leur facilité). De plus en plus de gens, devenus émetteurs à leur tour (et plus simples récepteurs des médias, ou commentateurs des nouvelles devant la machine à café) peuvent participer au processus, moitié pour exercer une influence, intéressée, narcissique, idéologique..., moitié par désir sincère de faire partager un indignation ou une révélation. Mais dans tous les cas, plus besoin de mobiliser une officine ou de posséder un journal ;
  • à leur variété, ou plus exactement à la variété de techniques destinées à agir sur le cerveau humain, plus ou moins proches des fakes news stricto sensu et dont nous développerons la liste ;
  • à leur attractivité : la révélation d’un scandale, d’un danger caché ou l’explication surprenante de faits inexplicables capte forcément notre attention (l’objet d’une véritable économie de la captation de seconde de cerveau humain) ;
  • à leur impact, vrai ou supposé. Pour les uns l’élection de Trump, le Brexit, les votes populistes et, de façon plus générale, toutes sortes de croyances relatives à l’immigration, au pouvoir des riches ou à la corruption de la classe politique s’expliquent par une intoxication plus ou moins organisée. Pour les autres, les gens d’en haut, et leurs complices, médias serviles, dissimulent la gravité de la situation politique, économique, sanitaire, etc. Mais dans les deux cas, chacun croit l’autre camp victime de délires et le cours de l’Histoire menacée par la falsification.


Le jour où nous écrivons, en février 2020, et en dix secondes nous apprenons :

1 qu’il circule des rumeurs folles sur les causes et remèdes du coronavirus

2 qu’une photo ridicule de Trump aurait été truquée

3 que les GAFA préparent de nouvelles mesures contre les fake news

4 que les archives du service historique de la Défense ne sont pas fermées aux chercheurs comme annoncé

5 qu’il y a des fakes sur le déficit de l’attention

6 qu’une théorie venue du Canada relance l’hypothèse d’un incendie criminel à Notre-Dame

7 que le directeur du FBI s’inquiète de la désinformation en ligne pour la prochaine élection, etc...

Objectif zéro mort sur les routes : la limitation de la vitesse a-t-elle des limites ?

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Rendons à César… ou plutôt à "jserg", un lecteur du "Carnet des médiologues", sa remarque apparemment ironique (je cite : "Pourquoi ne pas limiter la vitesse à 0 km/h, principe de précaution oblige, plus d'accidents !") mérite peut-être d’être prise au premier degré… La limitation a-t-elle des limites ?

Cet article est à retrouver dans le "Carnet des médiologues", où vous pouvez retrouver Régis Debray et sa bande chaque semaine.

Chaque année, sur un total de 550.000 décès dont 25.000 par accident, 3.200 résidents français meurent dans un « accident de transport ». Certes, on meurt deux fois plus de « chutes accidentelles » (et trois fois plus de suicide), mais peut-on s’opposer à une mesure qui promet de sauver 400 vies humaines ? En moins d’un demi-siècle, la mortalité routière en France a été divisée par près de six (18 000 morts en 1972) et les limitations de vitesse y sont pour beaucoup…

Aussi, quand un « accidentologue » déclare que le retour à 90 km/h exprimerait une « absence d’intérêt pour le respect de la vie humaine », on l’écoute. Les chiffres encore : dès l’annonce de la mesure (janvier 2018) et avant même sa mise en œuvre (!), au 1er semestre 2018, 104 tués en moins ; et 96 au second (la mesure est appliquée le 1er juillet). 400 morts évitées en 2019… Le raisonnement se tient et la morale est avec lui. D’autant qu’à l’argument sur la mortalité, s’ajoute celui sur la réduction de la consommation de carburant et d’émissions nocives associées. Si bien que le mépris pour le respect de la vie humaine s’aggrave, ajoute notre expert décidément bien remonté, d’un « mépris pour la sauvegarde de l’humanité » ! Du coup, la suspension de la mesure est qualifiée de « catastrophe gouvernementale ».

En marche

Car le gouvernement s’est bel et bien mis en marche… arrière, sous la pression des révoltés et celle de nombreux élus locaux. Des irresponsables (restons polis) ?

Mais alors, s’il est avéré que l’on réduirait encore la mortalité en abaissant la limitation à 70, 60, etc., pourquoi s’en tenir à 80 km/h ? Réponse attendue : « il faut quand même rester raisonnable ». Pauvre excuse, qui révèle en fait une tolérance (variable) à la mortalité routière, et à laquelle on peut opposer les mêmes arguments qui justifient la limitation à 80 : à 70 km/h, 300 morts de moins, et on ne le fait pas ?! Voyez l’exemple du périphérique (parisien) où la même réduction aurait permis de réduire de 18% le nombre d'accidents tout en améliorant la fluidité du trafic, selon AH (on vous laisse deviner qui, sachant qu’il ne s’agit ni d’Alfred Hitchcock ni, encore moins, d’Adolf Hitler).

Édouard Philippe serait-il en fait laxiste ? D’ailleurs, dans trois ou cinq ans, le même expert, ou un collègue, nous aurait resservi le même raisonnement pour justifier une nouvelle réduction proposée par un autre premier ministre bien intentionné. Avec, probablement, un changement de priorité : d’abord l’argument écologique et ensuite la sauvegarde de la vie humaine…

Généralisons. La réforme de 2002 ayant réduit l’accidentalité sur les autoroutes dans les mêmes proportions que celle des « routes les plus minables » (sic), il faudrait donc « étendre la réduction de la vitesse au niveau des autoroutes » conclut l’expert. Vous avez bien lu : les routes les plus minables ; c’est curieux ce terme, appliqué à une route, notre expert aurait-il commis un acte manqué visant en fait les usagers ? Bon, d’accord, je ne suis pas psychanalyste…

Oui, la bagnole tue et pollue, mais personne (pour le moment) n’envisage la seule mesure radicalement « efficace » : en interdire purement et simplement l’usage. Zéro tabac, zéro gramme d’alcool, c’est possible, mais zéro mort (et zéro particule) c’est zéro km/h, et basta. Au risque, bien sûr de voir surgir une « NAA » (National Automobile Association), sur le modèle de la NRA américaine qui défend le droit de porter des armes…

On nous explique que la vitesse est la cause ou le « facteur aggravant » de la plupart des accidents, mais ce n’est pas assez dire : la vitesse est la cause de tous les accidents. Quand la statistique officielle évalue à 2.359 (sur 3.157) le nombre de décès routiers « évitables », il faut lui objecter que les 800 morts de trop qui restent sont parfaitement évitables aussi.

Il suffirait d’une « volonté politique », comme on dit. Quelle politique, c’est toute la question…

Moins de sans emploi mais plus de précaires : avec 1,7 million de personnes, le "halo du chômage" atteint un record

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Selon l'Insee, la France (hors Mayotte) compte 2,424 millions de chômeurs.
Selon les chiffres de l'Insee publiés ce jeudi 13 février, 8,1% de la population active est privée d'emploi, un étiage inédit depuis fin 2008. Une bonne nouvelle à nuancer, car "le halo autour du chômage", bien souvent synonyme de personnes en situation de précarité, atteint quant à lui un niveau record.

C'est un air bien connu que nous chante Muriel Pénicaud sur RTL : "On voit une dynamique partout sur le territoire", les résultats en matière d'emploi sont "très encourageants", "l'ambition d'un taux [de chômage] à 7% est franchement atteignable". Ce jeudi 13 février, la ministre du Travail est venue saluer à la radio la nette baisse du taux de chômage, en recul de 0,4 point au quatrième trimestre 2019. Selon les chiffres de l'Insee, 8,1% de la population active est privée d'emploi, un étiage inédit depuis fin 2008. Si la ministre se garde bien de le dire, cette éclaircie sur le front de l'emploi est toutefois largement ternie par le niveau record d'un autre indicateur, "le halo autour du chômage", qui englobe désormais 1,7 million de personnes.

Capture d'écran INSEE

Pour être complet sur le chapitre des bonnes nouvelles, la France (hors Mayotte) compte 2,424 millions de chômeurs, soit 85.000 de moins sur le trimestre. Sur un an, le taux de chômage, mesuré selon les normes du Bureau international du travail (BIT), est en recul de 0,7 point. En France métropolitaine seule, le taux de chômage est de 7,9%. Conséquence des fortes créations d'emplois (+210.000 dans le privé en 2019), le taux d'emploi, c'est-à-dire la proportion des 15-64 ans qui travaillent, augmente de 0,7 point sur le trimestre et de 0,4 point sur un an, pour atteindre 65,9%.

Mais revenons à ce fameux "halo autour du chômage", bien souvent synonyme d'une situation de précarité : qui entre dans cette catégorie ? L'Insee y comptabilise les personnes considérées comme inactives parce qu'elles ne répondent pas à la définition stricte du chômageétablie par le BIT. Selon cette dernière, un chômeur est une personne en âge de travailler (15 ans ou plus) qui répond simultanément à trois conditions : 1) "Etre sans emploi, c'est à dire ne pas avoir travaillé au moins une heure durant une semaine de référence" ; 2) "Etre disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours" ; 3) "Avoir cherché activement un emploi dans le mois précédent ou en avoir trouvé un qui commence dans moins de trois mois".

Or le nombre des personnes ne répondant pas à ces trois critères cumulatifs sans pour autant avoir un emploi représente aujourd'hui 4 % de la population active. Sur le temps long, le nombre de personnes dans cette situation n'a fait qu'augmenter depuis 2003 : de 1,16 million de personnes au 1er trimestre de cette année, il est passé à 1,3 million au troisième trimestre 2011, pour arriver à 1,49 million début 2017 et finalement atteindre 1,7 million aujourd'hui.

Quels profils ?

Dans une étude parue en 2016, l’Insee détaille les profils – majoritairement féminins – concernés par le halo du chômage : diplômés entre deux emplois, personnes malades, invalides, en reprise d'étude, attendant un enfant, mais surtout travailleurs découragés, ayant renoncé à trouver un emploi. En 2016, 20 % de ces personnes n’avaient jamais travaillé et 28 % n’avaient pas travaillé depuis au moins 3 ans. L’Insee distinguait trois grands cas de figure : sur le 1,4 million de personnes qui constituait alors le halo, "300.000 personnes recherchaient un emploi mais n'étaient pas disponibles dans les deux semaines pour travailler", "700.000 souhaitaient un emploi mais n’en recherchaient pas", et 400.000 cumulaient absence de recherche et indisponibilité.

En 2019, avec 59.000 personnes en plus dans le halo autour du chômage entre le troisième et le quatrième trimestre 2019, le solde des personnes ayant à nouveau effectivement accès à un emploi est donc nettement moins favorable que ce que laisse à penser le retrait de 85.000 personnes du nombre de chômeurs, puisqu'il ne représente plus que 26.000 personnes. Au total, entre les 2,4 millions de chômeurs et le 1,7 million de personnes dans le halo, 4,1 millions de personnes se trouvent en difficulté sur le marché du travail.

Macron - Le Pen, ce duel dont les Français ne veulent pas en 2022

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Une revanche entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron en 2022 ? Huit Français sur dix n'en veulent pas.
Huit Français sur dix rejettent la revanche annoncée entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, selon un sondage Elabe pour BFMTV dévoilé ce 12 février. Et en général, les duels rejetés ne se produisent pas...

La classe politique et les commentateurs semblent avoir déjà validé le scénario. C’est prévu, écrit, couru : Emmanuel Macron affrontera de nouveau Marine Le Pen en 2022, alors circulez ! Les protagonistes eux-mêmes semblent se satisfaire de ce face-à-face entre « progressistes » et « patriotes » autoproclamés.

Petit détail : les Français ne sont pas d’accord... Un sondage Elabe pour BFMTV vient encore le confirmer, ce 12 février. Selon cette étude, huit Français sur dix rejettent ce duel annoncé entre Macron et Le Pen pour la prochaine présidentielle. Même s’ils sont 59% à penser qu’il se reproduira tout de même...

Trois quarts des électeurs de Mélenchon en 2017 ne distinguent aucune personnalité qui leur conviendrait

Il faut dire que le paysage a des allures de morne plaine. D’après le même sondage, 72% des Français ne voient aucune personnalité politique qui leur conviendrait dans la perspective de 2022. Et les plus orphelins se trouvent du côté de la gauche. Ainsi, 85% des électeurs de Benoît Hamon et, surtout, 74% de ceux de Jean-Luc Mélenchon en 2017 ne distinguent aucune personnalité qui leur conviendrait. De quoi confirmer la crise de La France insoumise : aujourd’hui, de nombreux électeurs mélenchonistes paraissent dispersés dans la nature.

En allant vers la droite, on trouve moins d’orphelins, même s’ils sont tout de même 63% chez ceux qui ont voté François Fillon en 2017, 58% chez les électeurs de Marine Le Pen et 55% chez ceux d’Emmanuel Macron.

Chirac/Jospin, match retour Sarkozy/Hollande : ces duels qui n'ont pas eu lieu

Un duel présidentiel annoncé partout mais rejeté par tous, ou presque ? Voilà du déjà-vu dans l’histoire politique récente. En 2002, toute la couverture médiatique de la campagne s’était focalisée sur le duo Jacques Chirac/Lionel Jospin, mais les électeurs en avaient décidé autrement, en propulsant Jean-Marie Le Pen au second tour le fameux 21 avril. Et en amont de la présidentielle de 2017, avant la primaire de la droite et le renoncement de François Hollande, une partie de la presse fantasmait déjà sur la revanche Sarkozy/Hollande, deux personnages pourtant rejetés à toute force par l’opinion publique. On le voit, les duels annoncés se produisent rarement. Et jusqu’à preuve du contraire, ce sont encore les électeurs qui décident.

(Sondage réalisé auprès d’un échantillon de 1002 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Interrogation par Internet les 11 et 12 février 2020.)


Affaire Mila : le silence de ceux qui appellent à la "libération de la parole"

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On est le 13 février et il n'y a toujours pas eu un seul article de Mediapart sur Mila. Comment cela est-il possible ?

Comment cela a-t-il été possible ? C'est la question qui était sur toutes les lèvres il y a quelques semaines, au sujet de l'affaire Matzneff. Pourquoi ce « silence des médias», « des élites», « d'une petite caste» alors que « tout le monde savait» ? Comment invoquer encore la distinction entre l'homme et l'artiste puisqu'il faisait de ses crimes le sujet de ses livres et qu'il venait les raconter jusque sur le plateau d'Apostrophes ? Comment a-t-on pu rire de cela ? Heureusement que Madame Bombardier a sauvé l'honneur.

Et chacun de jurer ses grands dieux que lui ne se serait pas tu. C'était bien trop facile d'invoquer « l'air du temps». Pour certains, c'était déjà chercher des excuses à Matzneff voire se rendre complice des pédophiles.

Appel au meurtre

Quelques jours plus tard, que voit-on ? Des centaines d'internautes qui appellent au meurtre une jeune fille de 16 ans contrainte de ne plus se rendre dans son lycée et placée sous protection policière. Où sont passés tous ceux qui s'indignaient qu'on ait pu taire les agissements de Matzneff ? Où sont tous ceux qui ne comprenaient pas qu'on pût omettre de dénoncer l'innommable, où sont tous ceux qui ne jurent que par la « libération de la parole » ?

On est le 13 février et il n'y a toujours pas eu un seul article de Mediapart* sur Mila. De nombreux billets de blog, oui, dont certains appellent clairement la rédaction à prendre position, mais c'est tout. Aucun de ces billets, curieusement, n'a d'ailleurs été « sélectionné par la rédaction». De la part d'un directeur de la rédaction qui voit le retour des années 30 partout, c'est un peu étonnant. Télérama* a préféré se taire également. Les Inrocks ont été d'une discrétion exemplaire. Même attitude de la part de beaucoup de féministes. « C'est un sujet sur lequel on a choisi de ne pas se prononcer», « ce sont des questions extrêmement complexes et délicates», a expliqué par exemple l'association Osez le féminisme !.

On peut pourtant se demander si certaines réactions n'ont pas été encore plus indécentes que le silence qui a accompagné cette « affaire ». Entre la porte-parole d'EELV, Sandra Regol, qui déclare que ce n'est qu'une « dispute entre jeunes», Edouard Louis qui considère que « la liberté, le progrès, c'est qu'il y a des choses qu'on ne peut pas dire» ou Ségolène Royal qui estime qu'« il ne faut surtout pas ériger une adolescente qui manque de respect en parangon de la liberté d'expression», les exemples sont légion. Sans parler de la ministre de la Justice, Nicole Belloubet qui déclarera que « l'insulte à la religion est une atteinte à la liberté de conscience» avant de concéder dans une tribune parue dans Le Monde que ses propos étaient « inexacts ».

Lorsqu'on relit certains commentaires, comme cette citation tirée d'un article de Valérie Lehoux dans Télérama : « (Matzneff) n’a rien compris à l’évolution du monde, il a asséné des propos d’une autre époque. S’il est dans l’incapacité d’exprimer des regrets, on aimerait bien, a minima, qu’il ait la décence de se taire», on se dit que la décence consiste aussi, parfois, à ne pas se taire.

Plutôt que de s'acharner sur les silences d'il y a trente ans contre lesquels on ne peut plus grand chose si ce n'est une indignation légitime mais parfois bien commode, il ne serait peut-être pas totalement inopportun de s'interroger sur les silences d'aujourd'hui, ceux de Cologne, de Telford, ou de Mila et de les remplir autrement qu'avec du vide, de la xénophobie, de l'impensé ou de la lâcheté. Pour ne pas reproduire exactement ce qu'on reproche à une autre époque. Pour ne pas attendre de nouveau trente ans avant de se rendre compte qu'il aurait fallu ne pas se taire.

*Les rédactions de Télérama et de Mediapart n'ont pas donné suite à nos sollicitations

"C'est une immense tromperie !" : comment le gouvernement prive les agriculteurs retraités du minimum à 1.000 euros

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Lors d'une réunion avec les députés de la majorité ce mardi 11 février, Emmanuel Macron a affirmé que le gouvernement "ne pourra pas aller pas aller à 1.000 euros pour tous" les agriculteurs retraités.
La réforme des retraites prévoit un minimum de 1.000 euros par mois pour les agriculteurs. Mais il ne s'appliquera qu'à ceux qui partiront à partir de 2022, excluant les retraités actuels. L'exécutif les avait déjà privés d'une revalorisation en 2017, quand il avait bloqué une proposition de loi portant leur retraite à 85% du Smic minimum.

Une mise au point en petit comité. Lors d'une réunion avec des députés de la majorité ce mardi 11 février , Emmanuel Macron a évoqué le nouveau minimum de pension à 1.000 euros prévu par la réforme des retraites. Et s'est arrêté sur le cas des exploitants agricoles : "Il y a la question du stock. Et il ne faut pas se leurrer, on ne pourra pas aller à 1.000 euros pour tous", a-t-il expliqué, selon des propos rapportés par un participant. Un examen du projet de loi permet d'éclairer les propos présidentiels : seuls les agriculteurs ayant liquidé leur pension "à compter du 1er janvier 2022" la verront portée à 1.000 euros, puis 85% du Smic en 2025. Exit donc les 1,3 millions de retraités actuels, le "stock"évoqué par le chef de l'Etat. Ce n'est pas la première déception que l'exécutif leur inflige : en 2018, il avait bloqué une proposition de loi portant leur pension minimum à 85% du Smic, soutenue par tous les autres partis.

La hausse du minimum de pension des agriculteurs ne sera donc pas rétroactive. A sa création début 2015, ce plancher s'était pourtant appliqué à l'ensemble des retraités agricoles, actuels comme nouveaux. Il avait permis aux anciens exploitants de toucher au moins 75% du Smic net (914 euros en 2020). Et ce à condition de justifier d'une carrière complète (42 ans et demi pour un départ en 2020), le montant du bonus étant réduit en-dessous de cette durée. Un peu plus de 220.000 d'entre eux en bénéficiaient en 2019, et voyaient leur pension bonifiée d'environ 45 euros par mois, selon les statistiques de la Mutuelle sociale agricole.

La mesure a permis de pallier en partie la faiblesse des retraites des chefs d'exploitation agricole. Ils touchaient en effet 880 euros bruts par mois après 37 ans de carrière en moyenne en 2014, quand un salarié du privé percevait environ 1.450 euros par mois après une carrière complète. Le minimum à 75% du Smic a permis d'étoffer un peu leur pension, qui reste très modeste : 905 euros en moyenne par mois en 2019. Et la réforme prévue par le gouvernement laissera ce montant inchangé. "Tous ceux qui ont actuellement une retraite de très faible niveau vont rester dans la même situation", pointe le député communiste André Chassaigne.

Revalorisation avortée

Les retraites des agriculteurs modestes avaient failli être à nouveau bonifiées il y a trois ans. Début 2017, une proposition de loi avait alors été adoptée à l'unanimité à l'Assemblée nationale afin de porter leur minimum de pension à 85% du Smic. Et ce niveau aurait été appliqué aux anciens retraités comme aux nouveaux. Le texte semblait bien parti pour être validé par le Sénat, fort du soutien des Républicains comme celui du PS. Mais c'était sans compter le gouvernement Macron : arrivé au pouvoir entre-temps, l'exécutif a bloqué la mesure lors de son examen en mars 2018. Il a pour cela utilisé l'article 44 de la Constitution, qui permet de forcer les parlementaires à ne voter que sur les amendements "acceptés par le gouvernement".

Sous les huées des sénateurs, Agnès Buzyn avait justifié cette position par une "question de calendrier". "La proposition de loi est en effet prématurée au regard du débat qui va s’engager sur la réforme de nos régimes de retraite, avait développé la ministre de la Santé. Ce débat sera notamment l’occasion de préciser les modalités d’un système plus équitable". De belles promesses… Mais deux ans plus tard, le gouvernement a repris la mesure en la vidant d'une partie de sa substance. "C'est une immense tromperie !, s'insurge le député PCF André Chassaigne, auteur de la proposition de loi. Le gouvernement nous avait promis que tout s'arrangerait avec sa réforme. Mais son projet exclut les agriculteurs déjà retraités, qui auraient été concernés par le texte que nous avons adopté".

Prétexte financier

Pourquoi ne pas appliquer le nouveau minimum aux anciens exploitants ? "On n'en a pas les moyens", justifiait Emmanuel Macron devant les députés de la majorité ce 11 février. Le coût de la mesure semble pourtant loin d'être exorbitant, si l'on se fie aux projections réalisées en 2017. Le rapport remis alors par André Chassaigne estimait à 260 millions d'euros la charge supplémentaire en 2018, année prévue pour la mise en place du minimum à 85% du Smic. Soit seulement 0,08% des dépenses totales du système de retraite cette année-là, selon les chiffres du Conseil d'orientation des retraites. Et ce coût aurait été de plus en plus faible au fil du temps, à cause de la baisse progressive du nombre d'agriculteurs retraités.

La proposition de loi adoptée début 2017 contenait au demeurant une mesure pour compenser ce coût supplémentaire. Le texte prévoyait une hausse de 0,1% de la taxe sur les transactions financières (TTF), dont les rentrées auraient été reversées à la caisse de retraite des agriculteurs. De quoi dégager plusieurs centaines de millions d'euros par an, selon les estimations d'André Chassaigne. Mais ce plan avait été écarté du revers de la main par Agnès Buzyn devant le Sénat : jugeant la hausse de la TTF non "pertinente", la ministre de la Santé avait affirmé que le minimum à 85% du Smic n'avait "pas de réelles contreparties en termes de financement". Une sentence contestée par André Chassaigne : "Le gouvernement a écarté cette mesure parce qu'il ne voulait pas s'attaquer aux revenus du capital. Peu importe que la TTF ne soit pas liée au domaine agricole : il existe de nombreuses taxes qui n'ont pas de rapport avec la destination de leurs recettes", argumente le député PCF.

Au-delà des agriculteurs déjà en retraite, le tour de passe-passe du gouvernement a aussi empêché de nombreux nouveaux retraités de profiter de la hausse du minimum. Les 85% du Smic auraient en effet dû s'appliquer dès janvier 2018 avec la proposition de loi, alors que les 1.000 euros prévus par l'exécutif n'entreront en vigueur qu'en 2022. Tant pis pour les agriculteurs partis à la retraite entre-temps. Et pour ceux qui achèveront leur carrière après 2022, les montants annoncés ne représentent qu'une faible garantie. Ni les 1.000 euros, ni les 85% du Smic promis ne sont en effet indiqués dans le projet de loi : le texte précise que le nouveau minimum sera "[fixé] par décret", c'est-à-dire par l'exécutif. De quoi permettre à un futur gouvernement de changer son niveau sans avoir à passer devant le Parlement.

Promesse de 100.000 euros d’apport pour acheter un logement à Paris : Griveaux, retourne à la fac d'éco !

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S'il gagne la Mairie de Paris, Benjamin Griveaux risque de faire gonfler la bulle immobilière.
C’est l’un des engagements phare de campagne de Benjamin Griveaux : un apport de 100.000 euros financé par la Mairie de Paris pour permettre aux classes moyennes d’accéder à la propriété. Une mesure qui laisse de côté… les réalités économiques.

Candidat à la mairie de Paris, Benjamin Griveaux a visiblement séché le cours d’introduction à la microéconomie lors de son premier semestre à HEC. Début février, dans les colonnes de nos confrères du Parisien (article payant), l’ex-porte parole du gouvernement a en effet promis jusqu’à 100.000 euros pour aider les habitants de la capitale à acheter leur logement, avec comme objectif l'acquisition de 20.000 logements. "Il faut aider (les classes moyennes) à devenir propriétaires", a-t-il déclaré.

Étrange prise de position

Étrange prise de position pour celui qui justifiait lorsqu’il était au gouvernement en 2017 la baisse des APL de 5 euros par la nécessité de lutter contre le risque inflationniste. Incontestablement, Griveaux fait ici preuve d’incohérence… en plus d’oublier certains fondements économiques chers à la Macronie. Petit rappel : la théorie de l’offre et de la demande nous dit qu’à offre quasi stable et à demande quasi infinie – comme c’est le cas pour l’achat immobilier à Paris – tout soutien à la demande aura un impact significatif à la hausse sur les prix. C’est encore plus vrai dans la capitale française où l’immobilier est une valeur refuge.

Moqueur sur twitter, ce doctorant au MIT a résumé trivialement via un graphique "prix-quantité" dessiné sur un coin de table la proposition de Benjamin Griveaux :

Cette démonstration graphique de base montre qu'un choc positif sur la demande (passage de la courbe D à D’ grâce à l’aide de 100.000 euros) face à une offre quasi stable (courbe S) tant le foncier se fait rare à Paris, a pour effet mécanique une hausse significative des prix des logements.

Les exemples récents de Londres et paris

Au-delà de la théorie, des exemples empiriques récents montrent que dans les grandes villes denses qui centralisent l’activité économique d’un pays, un choc de demande ciblé sur l’achat de logements fait exploser les prix de l’immobilier. Cela a été le cas d'abord à Londres avec le programme "Help to Buy" qui a fait grimper les prix des logements à partir de 2013 de 60 % jusqu’au vote du Brexit. Les autorités britanniques garantissant jusqu'à 15 % d'un crédit hypothécaire dans le neuf ou dans l'ancien, limité à 600.000 livres, en vue d'inciter les banques et les caisses hypothécaires à accepter de financer un ménages ayant un apport représentant 5 % du prix d'achat.

De même à Paris, on se souvient que les mesures Sarkozy (loi en faveur du travail, de l'emploi et du pouvoir d'achat avec notamment la déductibilité fiscale des intérêts d’emprunts, prêt à taux zéro +…) ont participé au bond des prix de l'immobilier de 40 %, entre 2009 et 2011, totalement déconnecté de l’évolution des revenus des ménages.

Bref, alors que le coût de la pierre a encore augmenté de 25 % sous le mandat d'Anne Hidalgo à plus de 10.000 euros du m², pas sûr que les Parisiens aient envie de subir une nouvelle hausse de grande ampleur.

Le coronavirus réveille la crainte d'un effondrement des banques chinoises

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Les plus grandes banques chinoises restent pour l'instant épargnées par la crise du coronavirus... contrairement aux banques locales.
Si les blocages économiques liés au coronavirus en Chine persistaient, les créances douteuses des banques chinoises pourraient exploser à un niveau inédit depuis plus de 20 ans, explique un rapport de l’agence de notation Standard & Poor’s, cité par le Financial Times ce 13 février.

Le coronavirus pourrait-il être le cygne noir qui provoquera la prochaine crise financière mondiale ? Voilà en effet plusieurs années que l’emballement du crédit en Chine, sa finance dérégulée et sa croissance qui ralentit font planer des craintes sur la stabilité de ses banques. Un article du Financial Times publié ce jeudi 13 février vient rajouter de nouveaux éléments allant dans ce sens. Le quotidien économique de référence cite un rapport de l’agence de notation Standards & Poor’s qui prédit qu’une crise prolongée du coronavirus, qui verrait les fermetures d’usines et de magasins se poursuivre, ajouterait jusqu'à 5,6 trillions de Renminbi (Rmb) de nouvelles créances douteuses dans le bilan des banques chinoises (soit environ 740 milliards d’euros).

Selon S&P, ces dernières pourraient passer de moins de 2% fin 2019 à 6,3% du total des prêts accordés dans le système bancaire chinois, du jamais vu depuis deux décennies ! Pire, du fait de cette crise de santé publique, le PIB chinois pourrait chuter au premier trimestre de plus de deux points de pourcentage à 3,2%, selon ANZ Bank, et rendre impossible le remboursement de prêts par de nombreuses entreprises.

Les grandes banques pas encore touchées...

A ce stade, une zone de quarantaine officielle couvrant au moins 40 millions de personnes dans la province du Hubei – à laquelle la ville de Wuhan appartient – est toujours en place, ce qui maintient de nombreuses entreprises fermées. Le FT cite l’exemple d’une usine de fabrication de chaussures dont le patron estime qu’il pourrait faire défaut sur un prêt de 5 millions de Rmb (660.000 euros) venant à échéance en juin si les blocages se prolongeaient.

Certes pour l’instant, les plus grandes banques nationales chinoises – celles dont une faillite provoquerait un effondrement du système financier mondial – maintiennent un faible niveau de créances douteuses. Mais leurs cours de bourse ont tout de même subi un coup de mou après la flambée du virus : les actions d’Industrial and Commercial Bank of China et de China Construction Bank ont chuté d'environ 10 % fin janvier.

... mais Les petites durement affectées

Pour l’instant, ce sont en fait les petites banques chinoises qui souffrent le martyre du coronavirus. En particulier celles exerçant à proximité de l’épicentre de la crise. Selon le FT, plusieurs de ces banques présentent des taux de créances irrécouvrables dépassant 40 % de leur portefeuille de prêts total ! Certaines ont même déjà demandé à Pékin la mise en œuvre de plans de sauvetage pour empêcher la propagation d'un potentiel risque systémique.

Autrement dit, "la résilience du système bancaire chinois pourrait être mise à l'épreuve", estime S&P. L’agence craint que le niveau global de couverture des prêts non remboursables – c’est à dire le niveau de capital détenu par les banques pouvant couvrir leurs créances pourris – ne tombe à un niveau dangereusement bas d'environ 55 %, contre 188 % avant la crise.

Des mesures de dérégulation qui inquiètent

Autre point d’inquiétude : pour permettre aux entreprises en difficulté de traverser la crise, le régulateur chinois a autorisé les banques à accorder des rallonges de financement. Mais selon l’agence de notation Moody's, également citée par le FT, cela entraînera "une reconnaissance tardive" de crédits douteux "si la perturbation causée par l'épidémie de coronavirus se prolonge".

En outre, toujours dans le même but, le régulateur a repoussé à fin 2020 l’application de nouvelles règles visant à limiter les liens entre l’économie réelle et la finance "de l’ombre" chinoise constituée de fonds opaques et mal régulés. De ce fait, il est redouter une recrudescence de certains types de prêts risqués. Bref, il y a de quoi s’inquiéter.

Performance : accusé de clientélisme par le Point, Jean-Christophe Lagarde invoque Goebbels pour se défendre

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Le baron du centre-droit récuse des accusations selon lui "plus insensées encore qu'infondées"
En rogne contre l'hebdomadaire Le Point, qui publie un dossier intitulé "Communautarisme, pactes avec des voyous ou des islamistes - Ces élus qui ont vendu leur âme" illustré par sa photographie, Jean-Christophe Lagarde a publié ce jeudi 13 février un communiqué de défense conclu par... une citation de Goebbels.

Un vrai pro de la com', ce Jean-Christophe Lagarde. Furieux de voir sa trombine illustrer, en Une du Point, un dossier intitulé "Communautarisme, pactes avec des voyous ou des islamistes - Ces élus qui ont vendu leur âme", le patron de l'UDI a annoncé, ce jeudi 13 février, qu'il comptait "engager des poursuites judiciaires"à l'encontre de l'hebdomadaire. Une bisbille ente presse et politique qui serait passée inaperçue, ou presque, si le député de Seine-Saint-Denis n'avait pas eu la brillante idée d'invoquer Joseph Goebbels à son secours pour flétrir les "accusations grotesques" du Point.

Dans un communiqué furax publié sur Twitter, Jean-Christophe Lagarde s'en prend à nos confrères, qui font selon lui "honte au métier de journaliste". Dans ce court texte, l'élu se dit "victime d'une manipulation aussi calomnieuse que grotesque, comme par hasard à un mois des élections municipales", avant de conclure par cette citation : "Comme le disait Goebbels, 'plus le mensonge est gros, plus il passe'."

Sur Twitter, le président de l'UDI explique qu'il "ne peut trouver les mots" pour qualifier l'article du Point. De là à s'en remettre à ceux du ministre de la propagande du IIIème Reich, il y a toutefois un pas... Cette curieuse référence ne lève en rien les soupçons de clientélisme pesant sur certains édiles - déjà largement documentés par Mariannedès 2014 dans le cas de Jean-Christophe Lagarde, mais aussi, plus récemment, dans les cas des élus de Denain et de Garges-lès-Gonesse.

"en contradiction avec tout ce qu'il a réalisé et défendu"

Le baron du centre-droit récuse néanmoins des accusations selon lui "plus insensées encore qu'infondées", et "en contradiction avec tout ce (qu'il a) réalisé et défendu dans (sa) vie politique", depuis le mémorial de la déportation juive à Drancy jusqu'à son combat "contre des extrémistes pour les empêcher de prendre de force la mosquée de Drancy".

Dans cette ville, l'ancien maire (2001-2017) est visé par une enquête pour détournement de fonds publics après une plainte pour l'emploi présumé de sa femme Aude Lagarde comme collaboratrice parlementaire. Le domicile du couple et la mairie ont été perquisitionnés en février 2019 dans le cadre d'une enquête du Parquet national financier (PNF).

Dans la ville voisine de Bobigny, le mandat de l'élu UDI a quant à lui été émaillé par la condamnation pour "violences en réunion" du premier adjoint et d'un agent de la ville. La ville a été épinglée par la Chambre régionale des comptes, notamment sur une dizaine d'embauches irrégulières dont des responsables associatifs ayant, pour certains, soutenu la campagne de la majorité. Comme à Drancy, une enquête, menée par le PNF, a été ouverte. La mairie et le domicile de plusieurs élus avaient été perquisitionnés en mai dernier.


Tariq Ramadan mis en examen pour le viol de deux autres femmes

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Le 22 octobre 2018, Tariq Ramadan avait reconnu avoir eu des rapports sexuels avec ses deux premières accusatrices, mais selon lui "consentis".
L'islamologue Tariq Ramadan, déjà impliqué dans deux affaires similaires, a été mis en examen pour le viol de deux autres femmes, identifiées l'an dernier par l'enquête, au terme de son interrogatoire ce jeudi 13 février au tribunal de Paris.

Tariq Ramadan a été mis en examen pour le viol de deux autres femmes, identifiées l'an dernier par l'enquête, au terme de son interrogatoire ce jeudi 13 février au tribunal de Paris, a indiqué son avocat à l'AFP. Ces deux femmes, interrogées comme témoin par les policiers en février 2019, ont été identifiées sur des photos retrouvées dans l'ordinateur de l'islamologue suisse de 57 ans, qui conteste toutes les accusations. Il était déjà mis en examen depuis le 2 février 2018 pour deux viols.

Tariq Ramadan était initialement convoqué le 23 janvier mais il avait fait ce jour-là un malaise au rez-de-chaussée du tribunal et l'audition avait été annulée. Son dernier interrogatoire sur le fond remonte au 22 octobre 2018, jour de sa volte-face : après neuf mois de détention et de dénégations, Tariq Ramadan avait reconnu avoir eu des rapports sexuels avec ses deux premières accusatrices, mais selon lui "consentis".

Il avait été libéré le 16 novembre 2018, après le versement d'une caution de 300.000 euros et la remise de son passeport suisse. Tariq Ramadan est mis en examen depuis le 2 février 2018 pour "viol" et "viol sur personne vulnérable", pour les faits dénoncés par deux femmes, Henda Ayari et "Christelle", respectivement en 2012 à Paris et en 2009 à Lyon. Une troisième femme, Mounia Rabbouj, l'a ensuite accusé de neuf viols sur la période 2013-2014. Pour ces faits, il n'est pas poursuivi.

Trois nouvelles victimes potentielles

Depuis le dernier interrogatoire, l'enquête a été élargie au cas de trois nouvelles victimes potentielles. Parmi elles, une femme surnommée "Elvira" est devenue l'été dernier la 4e femme en France à porter plainte contre cette figure de l'islam européen, longtemps populaire et controversée. Mais son récit n'est pas corroboré par les vérifications de la brigade criminelle et elle ne s'est pas rendue aux convocations des enquêteurs et des juges.

Tariq Ramadan, qui dénonce les "mensonges" de ces accusatrices et "l'emballement médiatique", est interdit de quitter le territoire depuis sa sortie de prison. Pour la deuxième fois, la justice lui a refusé mardi l'autorisation de se rendre ponctuellement à son domicile londonien, selon des sources proches du dossier. En congé de l'université d'Oxford depuis le déclenchement de l'affaire fin 2017, l'islamologue souhaite notamment reprendre les consultations auprès des médecins britanniques qui ont confirmé en 2016 son diagnostic d'une sclérose en plaques.


Retraites : opaque sur le financement de sa réforme, le gouvernement déçoit les syndicats

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Sur le sujet clé de la pénibilité, l'exécutif colle aux positions du Medef.
Hormis l'UNSA, tous les syndicats sont sortis déçus de leur réunion le 13 février à Matignon. Et pour cause : s'il propose d'adoucir le basculement dans le système universel des générations nées entre 1975 et 2002, Edouard Philippe n'indique pas comment il le financera. Et sur le sujet clé de la pénibilité, l'exécutif colle aux positions du Medef.

C'est une mise en scène qui a surpris les partenaires sociaux, rassemblés jeudi matin à Matignon, pour discuter du projet de retraite universelle par points dont les députés débattront dès lundi 17 février à l'Assemblée Nationale. Edouard Philippe a d'abord invité Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, Olivier Dussopt, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Action et des comptes publics et Laurent Pietraszewski le haut commissaire aux retraites à décliner leurs propositions comme s'ils passaient un grand oral. Il n'en a retenu quelques unes, et renvoyé illico l'étude de leur financement, à la "Conférence des financeurs" qui commencera le 18 février...

Première annonce notable : le Premier ministre propose d'adoucir le basculement dans le système universel des générations nées entre 1975 et 2002. Sans expliquer donc par qui sera payé cet "adoucissement", le chef du gouvernement s'engage (voir le courrier récapitulatif à la fin de cet article), à mieux respecter les droits acquis dans l'actuel système de retraites, des générations nées entre 1975 et 2004... comme l'y engageait d'ailleurs le Conseil d'Etat, dans son rapport fort critique. Ainsi sur le modèle de ce qui a été concédé aux cheminots, les droits à pension que ces salariés du privé et ces fonctionnaires engrangeront jusqu'en 2025 (avant de basculer dans le régime universel) ne seront convertis en points qu'à la fin de leur vie professionnelle. Le tout, pour les calculer sur leurs réelles 25 meilleures années de carrière (ou six derniers mois de salaires pour les agents de l'Etat). Que coutera cette mesure dite "à l'italienne"? Mystère. "Conformément à nos engagements, nous garantissons à tous les assurés le maintien des droits qu'ils ont acquis et une transition très progressive", se contente d'indiquer, sibyllin, le Premier Ministre.

La question de la pénibilité

Voilà pour les douceurs. En revanche, sur le sujet clé de la pénibilité et des fins de carrière, le gouvernement s'aligne quasiment sur les positions du Medef. Alors que la CFDT comme la CGT ou Force Ouvrière réclament le droit pour les actifs qui peinent dans des métiers aux postures pénibles, manipulent des charges lourdes, de partir plus tôt en retraite, Edouard Philippe privilégie l'aménagement des fins de carrière via des départs en retraite progressifs. Ainsi à l'avenir, les salariés, les fonctionnaires relevant de catégories actives amenées à disparaitre, pourraient continuer s'ils le souhaitent, à diminuer leur activité dès 60 ans en fonction de "paramètres adaptés aux spécificités de leur secteur". Ils devront toutefois financer cette échappée belle en puisant dans un compte épargne temps universel sur lequel ils auront stocké des jours de congés, des RTT... Soit se résigner à une baisse à terme de leur pension complète, puisque durant ce départ progressif, par exemple à mi-temps, leur employeur cotisera moins pour eux...

Pour traiter la "pénibilité" stricto sensu, le gouvernement se contentera donc, six mois après la publication de la loi, d'inviter les branches professionnelles à discuter d'un plan massif de prévention de la pénibilité. Et proposera par amendement à son projet de loi qu'un salarié exposé depuis 15-20 ans à des tâches pénibles puisse bénéficier d'un congé de conversion de 6 mois rémunérés. " Or, on sait très bien que ce congé sera insuffisant pour leur permettre de changer de métier", critique Michel Beaugas, le négociateur de Force ouvrière. S'il ne dispose pas de points de C2P (l'embryon de compte pénibilité déjà en vigueur) pour partir plus tôt, un salarié épuisé devra faire diagnostiquer par un médecin son incapacité permanente.

La CFDT dénonce donc un "blocage" du patronat sur le dossier de la pénibilité. Quand à la CGT, elle accuse le gouvernement de vouloir faire passer en force et dans la précipitation son projet de réforme.




L’affaire Griveaux ou le temps du déballage permanent

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Comme candidat à la mairie de Paris, il brillait par son aptitude à jongler avec les mots creux, ainsi que le rappelle Marianne dans le numéro de cette semaine. Le résultat se manifestait dans des sondages peu rassurants pour son devenir. Mais cela ne justifiait en rien qu’il fût poussé vers la petite porte du déshonneur pour lui et sa famille.

Benjamin Griveaux ne méritait pas ça, la vie politique non plus, et l’éthique encore moins. La candidature de l’ex-porte parole du gouvernement a été balayée par la publication d’une séance de touche pipi mise en ligne par Piotr Pavlenski, un artiste russe exilé à qui on ne donnerait pas le Bon Dieu orthodoxe sans confession.

Aussitôt la vidéo sortie s’est mise en marche la machine à alimenter les rumeurs, les coups bas, les allusions crasses. Benjamin Griveaux ne pouvait résister à un tel Tsunami de boue. Il a jeté l’éponge, car il ne pouvait faire autrement. Mais au-delà de son cas personnel, c’est toute la vie démocratique qui est menacée par ces petits scandales à répétition, lancés en pâture à une opinion qui finit par douter de tout.

cirque médiatique

Il ne s’agit pas ici de réhabiliter Benjamin Griveaux. Comme ministre, l’ex-socialiste avait un bilan exécrable. Comme candidat à la mairie de Paris, il brillait par son aptitude à jongler avec les mots creux, ainsi que le rappelle Marianne dans le numéro de cette semaine. Le résultat se manifestait dans des sondages peu rassurants pour son devenir. Mais cela ne justifiait en rien qu’il fût poussé vers la petite porte du déshonneur pour lui et pour sa famille.

La politique, a priori, c’est le débat, la contradiction, la confrontation d’idées, la comparaison entre des projets alternatifs. La chose peut être vive, passionnée, polémique, mais jamais salace. Or, au fil des ans, l’échange est devenu une foire d’empoigne régie par des turpitudes et des ignominies. Comme d’habitude, les Etats-Unis ont donné le ton. Puis la mode a débarqué sur les cotes de la vieille Europe, balayée à son tour par les grands vents de la manipulation et des coups en-dessous de la ceinture.

Les réseaux sociaux, qui méritent mieux qu’une telle caricature, sont devenus le réceptacle de ces jeux du cirque médiatique où personne ne peut résister. La présomption d’innocence a été remplacée par le pressentiment de culpabilité ; le doute par la certitude ; la quête de la vérité par le diktat de la suspicion. Sous prétexte de transparence, le totalitarisme de la pseudo révélation triomphe.

Déballage permanent

La politique ne pouvait échapper à une telle vague, comme en témoigne l’affaire Griveaux, sali à jamais. Quoi qu’il dise et quoi qu’il fasse, il restera suspect des pires flétrissures, au risque de contaminer tous ses proches, y compris ceux de sa famille politique.

Désormais, les barrières de la vie privée n’existent plus. Comme dans le monde dénoncé par Orwell, chacun est sous la surveillance de tout le monde, au risque de voir jeter sur la place publique des faits et gestes qui relèvent de l’intime. L’artiste russe qui s’est pris pour le Julian Assange d’un Griveaux grivois a confié qu’il entendait dénoncer le puritanisme. En fait, il va provoquer exactement l’effet inverse et alimenter l’idée que les responsables politiques ont tous la main baladeuse.

En vertu de la loi des trois « L » (je loue, je lâche, je lynche), ceux qui ont encensé Benjamin Griveaux vont le lâcher en rase campagne, avant de le mettre en croix d’ici peu. Sur BFMTV, l’ineffable Christophe Barbier, d’ordinaire avocat fidèle de la macronie, s’est déjà transformé en procureur pour lancer, du haut de sa suffisance : « Griveaux n’a que ce qu’il mérite ».

Désolé, mais la politique mérite mieux que ce déballage permanent et peu ragoutant.

Benjamin Griveaux, le sordide épilogue d’une campagne cauchemardesque

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Benjamin Griveaux a retiré sa candidature aux élections municipales à Paris.
Candidat de LREM aux municipales à Paris, Benjamin Griveaux a renoncé ce vendredi 14 février après la diffusion d'images à caractère sexuel. Une onde de choc pour la Macronie.

C’est dans la journée du jeudi 13 février que l’équipe de Benjamin Griveaux a donné secrètement rendez-vous à quelques médias, le lendemain matin, pour une allocution du candidat. Toute la soirée, c’était réunion de crise à l’Elysée, mais selon la version officielle, Emmanuel Macron a laissé ce fidèle de la première heure prendre la décision qu’il voulait. Toujours est-il que Griveaux a annoncé, ce vendredi matin, qu’il retirait sa candidature à Paris, lui qui avait l’onction de La République en marche.

« Un site internet et des réseaux sociaux ont relayé des attaques ignobles mettant en cause ma vie privée, a-t-il déclaré, voix blanche et visage livide. Ma famille ne mérite pas cela. Personne, au fond, ne devrait jamais subir une telle violence. En ce qui me concerne, je ne souhaite pas nous exposer davantage, ma famille et moi, quand tous les coups sont désormais permis. »

On croyait les scandales sexuels réservés à la politique américaine, ses campagnes de com’ à fonds perdus et sa tyrannie puritaine de la transparence absolue. Benjamin Griveaux et, avec lui, la Macronie, expérimentent une inquiétante importation de ces pratiques, réseaux sociaux à l’appui. Il faut dire que le député Joachim Son-Forget, investi par LREM en 2017 avant de partir complètement en vrille sur Twitter, n'a pas aidé son collègue Griveaux en relayant jeudi le contenu qui le mettait en cause. Au passage, une telle diffusion est passible depuis une loi de 2016 de deux ans de prison et 60.000 euros d’amende.

Trois captures d’écran qui ont eu raison de la campagne déjà cauchemardesque du candidat macroniste à Paris. Tout était écrit, pourtant... Benjamin Griveaux, ce diplômé de Sciences Po et HEC issu de la bourgeoisie de Châlon-sur-Saône, militant socialiste en Bourgogne, se pensait promis à un grand destin. Parce que dès 2015, cet ancien partisan de Dominique Strauss-Kahn a misé sur Emmanuel Macron, dont il fut le zélé porte-parole. Après la victoire, Griveaux intègre le gouvernement, mais son ambition - décrite comme dévorante par la plupart de ses petits camarades - le porte plutôt vers la mairie de Paris.

Le candidat qui sonnait faux

Sur le papier, le coup est tout à fait jouable. Les Parisiens ont plébiscité Emmanuel Macron lors de la présidentielle (35% au premier tour, 90% au second). Et la grogne contre Anne Hidalgo est alors au plus haut. Sauf que rien ne se passe comme prévu. Alors que la commission d’investiture de LREM lui a préféré Griveaux, le député et mathématicien Cédric Villani entre en dissidence. Le camp présidentiel se déchire. Anne Hidalgo, qui se délecte du spectacle depuis les fenêtres de l’Hôtel de ville, n’en attendait pas tant. Tandis que la candidate de la droite, Rachida Dati, s’empare par surprise de la deuxième place dans les sondages.

Mais le vrai problème de Griveaux, c’est cette image désastreuse qui lui colle à la peau. Il est jugé arrogant et, pour tout dire, il sonne faux. Le candidat n’arrange pas son cas quand Le Point révèle, l’été dernier, l’enregistrement d’une conversation dans laquelle il traite ses opposants d’« abruti » ou de « fils de pute ». Griveaux a pourtant tenté de s’humaniser. Il n’a pas hésité à s’afficher avec son épouse et parlait abondamment de ses trois enfants, soucieux d’entretenir une image de père de famille attentionné. Cela rendait d’autant plus difficile son maintien après cette sordide affaire. Pour la Macronie, reste désormais à sauver ce qui peut encore l’être. Il y aura « quoi qu’il arrive » une liste LREM aux municipales à Paris, a assuré ce vendredi Olivia Grégoire, l’une des porte-parole de Griveaux. Avec quel leader ? Les listes pour les municipales doivent être déposées d’ici au 27 février.

"Je suis Parisien, je me sens concerné": qui est Piotr Pavlenski, le diffuseur des vidéos de Benjamin Griveaux ?

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Mais pourquoi cibler Benjamin Griveaux ? "Car il met en avant sa famille, prône les valeurs familiales, et en réalité mène une double vie, envoie des messages sexuels et des images de lui se masturbant à ses jeunes maitresses".
La précédente performance de l’artiste russe Pavlenski – l’incendie de la façade d’une succursale de la Banque de France - avait pour titre "Eclairage". La dernière, concernant Griveaux, pourrait être baptisée "le grand déballage". Ce 14 février, au lendemain de la diffusion des vidéos de l'ex-candidat LREM, il s'explique auprès de Marianne.

Quinze minutes seulement après que nous l’ayons contacté, l’artiste contestataire russe Piotr Pavlenski nous rappelle. S’exprimant d’abord dans un français teinté d’accent russe, ravi de pouvoir ensuite converser dans sa langue natale, il décrit d’un ton exalté son tout nouveau « projet », un site internet , « la seule ressource porno-politique qui existe », pour dénoncer « le puritanisme et l’hypocrisie en politique ».

Mais pourquoi cibler Benjamin Griveaux ? « Car il met en avant sa famille, prône les valeurs familiales, et en réalité mène une double vie, envoie des messages sexuels et des images de lui se masturbant à ses jeunes maitresses ». Avant d’ajouter : « Et puis je suis Parisien, je me sens concerné ». Se disant « sûr à 100 % de sa source », affirmant qu’un « grain de beauté sur sa main permet d’identifier » Griveaux - qui, lui, jusqu’à présent, n’a ni confirmé ni infirmé la véracité de ces images, mais seulement annoncé son retrait de la campagne -, Pavlenski dit ne pas craindre de suites judiciaires en France contre lui. Condamné en janvier 2019 à un an de prison ferme (une peine qui couvrait sa détention préventive) et à deux ans avec sursis, pour avoir incendié la façade d’une succursale de la Banque de France, il a pourtant intérêt à se tenir à carreau

Réfugié politique

Pavlenski, réfugié politique en France avec sa famille depuis 2017 et fervent soutien des gilets jaunes (son avocat n'est autre que Juan Branco), est célèbre pour ses performances en Russie, décrites dans un livre publié en France*, qui sont allées en s'amplifiant depuis 2012. Ce fut Suture - il coud ses lèvres de fil rouge devant la cathédrale de Kazan, en solidarité avec les Pussy Riot -, puis Carcasse - il s'enroule dans du barbelé contre des lois répressives - suivie de Fixation - il cloue son scrotum sur les pavés de la place Rouge pour dénoncer « l'apathie de la société russe » - ou encore Liberté - il brûle des pneus à Saint-Pétersbourg en brandissant des drapeaux ukrainiens en hommage à Maïdan - jusqu'à Séparation - assis sur un mur de l'institut Serbsky, tristement réputé pour ses abus psychiatriques, il coupe le lobe de son oreille droite, allusion à l'enfermement des patients.

Le 9 novembre 2015, il atteint un sommet avec Menace, quand il met le feu à la porte de la Loubianka, siège historique du KGB ! Un feu « merveilleusement filmé par les autorités depuis un angle hors de ma portée », souligne-t-il malicieusement. Arrêté, il passe sept mois en détention, au cours desquels plusieurs psychiatres le déclarent sain d'esprit et sérieux dans son projet artistique. En juin 2016, il est condamné à une simple amende, décision d'une rare clémence dans le contexte politico-judiciaire russe - pour avoir « endommagé » la Loubianka. Un million de roubles (16 000 euros environ) d'amende et de dépens qu'il n'entend pas payer. Une incitation à quitter la Russie ?

Physique d'ascète, crâne rasé, vêtements sobres et verbe choisi, Piotr Pavlenski, célébré en Russie pour ses happenings spectaculaires dénonçant la dérive liberticide de la Russie poutinienne, a choisi de quitter son pays pour la France en 2017, pour éviter une peine de prison dans une autre sombre affaire. Lui et sa compagne, Oksana Chaliguina, étaient accusés de tentative de viol par une actrice du théâtre moscovite très anti-poutinien Teatr.doc. Des violences qu'il nie fermement. « Le pouvoir ne pouvait se résoudre à enfermer un opposant politique, artiste qui plus est, et m'a clairement signifié son désir de me voir quitter la Russie. On nous mettait clairement devant un choix : dix ans de prison ou l'exil », nous avait-il expliqué, lors de son arrivée à Paris. Avant d’ajouter qu’il entendait bien désormais poursuivre son action depuis la capitale française…

Reste qu’en prétendant pourfendre le puritanisme et l’hypocrisie en faisant la chasse aux turpitudes de nos politiques, Piotr Pavlenski risque fort d’engendrer… le puritanisme et l’hypocrisie.

* Le Cas Pavlenski. La politique comme art, de Piotr Pavlenski, Louison Editions, 2016.

"France, un empire maritime immense et menacé" : venez assister aux rencontres de Marianne le 21/02 à Brest

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Avec le soutien de la MGEN et d’Océanopolis.​
"Marianne" organise le jeudi 21 février à Brest un débat en partenariat avec la Marine nationale, en présence de Natacha Polony. L'entrée est gratuite, sur simple inscription !

Les routes de l’économie globalisée comme celles des crises internationales passent de plus en plus par les mers et les océans, Marianne organise donc une rencontre à Brest - et publie un dossier- sur les enjeux que suppose la possession du deuxième domaine maritime mondial. Enjeux économiques, bien sûr (ressources exploitées ou qui pourraient l’être), enjeux stratégiques (conflits potentiels autour des ZEE, du plateau continental, concurrence avec les superpuissances ou les pays maritimes émergents), enjeux écologiques, et enfin enjeux militaires.

France : un empire maritime immense et menacé

Vendredi 21 février – de 18 h 30 à 20 heures

Débat animé par Alain Léauthier, rédacteur en chef monde à Marianne.

Avec Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne.
Jean-Louis Lozier, commandant de la zone maritime Atlantique, préfet maritime de l’Atlantique
Richard Labévière, journaliste et auteur de Reconquérir par la mer

Entrée gratuite

Pour des besoins d'organisation, l’inscription est obligatoire, en cliquant sur ce lien.

Avec le soutien de la MGEN et d’Océanopolis.

"Nous ne serons jamais loin de Levallois-Perret" : le dernier conseil municipal d'Isabelle Balkany

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En décembre dernier, le couple Balkany s'était résigné à se représenter aux municipales de mars.
Isabelle Balkany a présidé le dernier conseil municipal de Levallois-Perret avant les municipales, ce jeudi 13 février. L'adjointe au maire a fait son show, mais sans son époux, sorti de prison la veille pour raison de santé.

Et voilà, c'est fini, le rideau se ferme. Après trente-et-un ans de mandat, les époux Balkany prennent congé de la mairie de Levallois-Perret. Pour ce dernier conseil municipal de la mandature, tenu ce jeudi 13 février, Isabelle a tout de même tenu à faire son show. A peine a-t-elle passé les portes de la salle richement décorée, que les applaudissements et remerciements fusent de tous côtés. Les balcons sont bondés. Le public, debout, serré, presque euphorique. Isabelle tente de glisser un mot, tout sourire : "Merci pour votre présence. Elle est formidable." Pourtant, à sa gauche, la place du chef est vide. La maire par intérim s'est résignée à s'asseoir sur sa chaise habituelle de velours, non pas dans le fauteuil pourpre clouté habituellement réservé à son mari. Libéré de prison la veille, Patrick Balkany avait prévenu de son absence au conseil. Son épouse joue la doublure, en toute extravagance.

Une Touche de tragique

A sa manière, Patrick Balkany se veut tout de même présent. "Il m'a demandé de vous adresser un message", prévient son épouse avant d'ouvrir la séance. Isabelle cherche sa respiration, prend son élan et se lance dans la lecture de la lettre de son mari. L'élu LR relate "l'histoire d'amour" avec sa ville, "son troisième enfant". Sans oublier, au passage, de choyer les Levalloisiens et les élus du conseil municipal. "Je vous aime, et je vous aimerai toujours". Son épouse soigne ses intonations et martèle les mots de son mari.

Mais l'intéressé, sorti ce mercredi 12 février de prison pour des raisons de santé, n'est pas là, physiquement. Sa femme est déçue pour lui. "Pour l'instant, il doit se reposer pendant 8 jours et se préparer à une opération chirurgicale", informe son épouse avant le début des délibérations. Après concertation avec son médecin, l'édile doit "marcher pour retrouver un peu de tonus, car il est beaucoup trop faible". Avec Isabelle, il a veillé tard, la nuit de sa sortie. "Il avait besoin de parler, de dire ce qu'il a vécu [en prison]", s'émeut cette dernière. Les élus et le public sont tout ouïe.

Comédie dramatique

Le ballet des discours ouvert, Isabelle Balkany joue avec plaisir le rôle de maîtresse de cérémonie. Elle liste les dérogations, attribue la parole à ceux qui la réclament dans l'opposition, mais ignore Arnaud de Courson, élu divers droite et opposant historique, qui réplique. Isabelle Balkany hausse le ton : "Nous ne sommes pas dans un débat. Votre comportement est intolérable. Si vous continuez, je vous mets un avertissement." Le public hue la septuagénaire, réclame de laisser parler le conseiller. La maire par intérim cède, mais ne résiste pas à la tentation de le couper. Alors que son mari avait pour habitude d'éteindre les micros des élus, elle préfère faire des commentaires ou prêter l'oreille à une collègue. Les échanges houleux sont pourtant brefs. La pièce de théâtre continue sans encombre.

"Vous n'êtes pas décisionnaire ni gestionnaire.
On se demande, d'ailleurs, si vous le serez un jour ! Je ne sais même pas pourquoi vous êtes là
", s'agace Isabelle Balkany.

Coup de théâtre

Au tour de Jean-Laurent Turbet - élu LREM, qu'Isabelle Balkany a l'air de davantage apprécier. En plein éloge macroniste, un membre du public se rebelle, et jette un petit projectile blanc dans l'hémicycle. "Non mais ça ne va pas ?" s'indigne une élue. La scène tourne au mélodrame. "Vous vous calmez !" ordonne Isabelle en frappant le bureau des deux mains. Le concerné réplique, fait croire que ce n'est pas lui, critique la politique d'Emmanuel Macron, mais la maire par intérim ne lâche rien : "Gardez votre sens de la démocratie pour les élections municipales. Pour l'instant, vous écoutez." Les discours prennent fin, l'approbation du procès-verbal du conseil est demandée.

Les délibérations défilent et s'enchaînent sans grande perturbation. Isabelle Balkany rompt parfois le quatrième mur et s'adresse directement au public de la salle comble, aux journalistes, pour vanter ses réussites. Elle lance quelques phrases désobligeantes à l'encontre de l'opposition, amuse le public. "Vous n'êtes pas décisionnaire ni gestionnaire. On se demande, d'ailleurs, si vous le serez un jour ! Je ne sais même pas pourquoi vous êtes là", assène-t-elle, toujours à l'adresse d'Arnaud de Courson, le reprenant lorsqu'il se montre, selon elle, "dissipé". A chaque coup, le public rit, mais l'opposition reste impassible.

Dénouement

Ca y est, c'est fini, le clap de fin clôture la scène qui aura duré trente-et-une années. Ressenti ? "Je n'ai pas été maire pendant très longtemps, mais ça m'a bien plu", commente tout sourire Isabelle Balkany sous les applaudissements, encore. A la tête de la mairie depuis cinq mois, elle continuera à tenir les reines jusqu'à ce que son mari reprenne son siège - s'il le reprend. Le dénouement aura déçu une partie du public qui espérait fortement que "Patrick" se présente à l'Hôtel de ville et fasse un discours. En décembre dernier, le couple Balkany s'était déjà résigné à ne pas se représenter aux municipales de mars. "Ce n'est pas que nous n'en avons pas envie. Car de toute façon, on a fait en sorte que nous ne puissions plus nous représenter", assure-t-elle à Marianne une fois le conseil clôturé, sans préciser sa pensée.

Isabelle, pour sa part, ne lâchera pas pour autant la politique, "tant que Dame Nature ne fait pas son œuvre". Aucun regret, aucune appréhension, aucune nostalgie, garantit-elle. Juste une "page qui se tourne". Car les époux Balkany resteront dans "leur" fief : "Nous ne serons jamais loin de Levallois-Perret. D'autant moins que notre caveau est prêt au cimetière communal. Notre dernière heure sera là-bas."

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